« Dès le Haut Moyen-Age, la ville de Seyssel a joué un rôle politique et économique majeur, grâce à sa situation géographique sur le Haut-Rhône, entre Savoie et Bugey. Elle s’est construite autour des premiers flux navigables en aval du Rhône. Au XIIIe siècle, première construction pérenne d’un pont : c’est l’un des seuls cinq ouvrages d’art médiévaux sur le Rhône, du Léman à la Méditerranée. Une activité économique, à échelle nationale et internationale, s’y est développée : sel, bois épices, matériaux de construction, fromage, blés, textiles... y circulent, entre Europe du sud et Europe du Nord, entre Orient et Occident. Cet emplacement stratégique est un des points d’appui du pouvoir des comtes de Savoie : ils concèdent à la ville, en 1286, une charte de privilèges et de franchises, qui décuple le développement de la ville et sa prospérité commerciale, et y fondent le siège d’une châtellenie.
De cette grande Histoire, la commune de Seyssel (990 habitants), située dans le département de l’Ain, conserve aujourd’hui un remarquable fonds d’archives anciennes qui remonte au XIII° siècle et témoigne de cette florissante période.
En 1286, le comte Amédée V de Savoie octroie à la ville de Seyssel sa première charte d'affranchissement.
Ci-dessus le document après restauration.
Parchemins, papiers réunis en registres, feuillets, cahiers, chartes de franchises et privilèges de la ville, charte de combourgeoisie avec la ville de Rumilly, doléances des villageois présentées au duc de Savoie, mercuriales, registres paroissiaux, registres des syndics et de police, et écrits comptables représentent le plus ancien et le plus riche fonds du département de l’Ain, après celui de la ville de Bourg-en-Bresse. Plus surprenante, la découverte d’un règlement du jeu médiéval du papegai.
La commune de Seyssel souhaite mettre en œuvre, dans le cadre de ses missions de service public, la diffusion au plus grand nombre de cet exceptionnel héritage écrit, par sa restauration, sa numérisation et sa valorisation, avec une mise en ligne sur le web
Michel Botteri et son équipe municipale ont manifesté un grand intérêt pour ce patrimoine si confidentiel. Ils ont décidé de conserver les archives historiques pour mieux appréhender le territoire et œuvrer en conséquence pour les générations futures.
C’est pourquoi, accompagnée par les Archives départementales pour mener à bien ce projet, la commune a souhaité passer une convention avec la Fondation du Patrimoine. Une souscription a été lancée, ouverte à la population et au monde professionnel.
C’est la première fois qu’une souscription est lancée par la Fondation du patrimoine pour la restauration d’archives historiques. Par la souscription, les donateurs seront les acteurs de la préservation d’un bien national inestimable, les protecteurs précieux appartenant à l’histoire, les passeurs de mémoire vers les jeunes et futures générations.
Une convention de partenariat, sous la conduite des Archives départementales de l’Ain, a été signée avec l’Institut National du Patrimoine, premier établissement national d’enseignement supérieur d’excellence qui forme les futurs restaurateurs du patrimoine, pour la restauration pédagogique de quatre parchemins. »
Catherine SKRZAT
Chargée d’études documentaires principale
au Ministère de la Culture