- Références historiques : Guillaume Paradin, Félix Fenouillet, Patrimoine du Pays de Seyssel
- Documentation graphique : BNF Paris, Musée dauphinois Grenoble, Patrimoine du Pays de Seyssel
On ne peut assigner une date précise à la fondation de Seyssel, mais on peut affirmer que ce lieu fut habité dès la plus haute antiquité. L’homme de l’âge de la pierre et du bronze y a laissé quelques traces évidentes de son installation - des foyers circulaires faits de pierres brutes et remplis de cendres, qui devaient occuper le centre des cabanes, par exemple.
Vers -500 av JC, les Allobroges, peuple celte venu semble -t-il du centre de l'Europe, s'installèrent dans notre région Savoie et Dauphiné, à la limite du peuple des Séquanes qui occupaient la Bresse, le Bugey et la Bourgogne.
"NOUS VOILA DONC GAULOIS"
Vers -218 av JC, le principal évènement qui troubla profondément la vie du peuple Allobroge, fut le passage des Alpes par le célèbre général carthaginois, Hannibal, avec 50 000 mille hommes, 9000 chevaux et 50 éléphants.
Le chanoine Ducis archiviste
de Haute-Savoie et l’historien latin Polybe, démontrent que son itinéraire passe par le col du Grand Saint-Bernard et ont établi qu’il a franchi le Rhône à Pont-Saint-Esprit et remonta la rive gauche du fleuve par Vienne et Seyssel.
Quelques témoignages perdurent, entre autre le nom donné par les anciens au sentier qui relie Vens à Prairod, "Chemin d’Annibal", ce qui accrédite la thèse de son passage (ou d’une avant-garde) sur les hauteurs de Seyssel..
- 120 av JC Après la victoire des Romains sur les Allobroges à Vienne, où périrent, dit-on 120 000 hommes, les Romains s'installent dans notre région.
Fabius-Maximus fonde Condate, le principal port de communication et de marchandises entre Vienne et Genève, qui permettait, grâce au Rhône, l'acheminement de produits tels que sel, bois, vins, fromages et étoffes.
- 50 av JC Mais les révoltes se succédèrent et César dû venir en personne pour réduire ces tribus. C’est durant cette période que Seyssel vit passer sur son territoire le flot des Helvètes qui suivait la rive droite du Rhône. César les refoula au delà de Genève et fit construire des remparts de Genève au mont Vuache et sept forteresses le long des Usses. Dont l’une a Seyssel, sur les ruines de laquelle sera construit le premier château.
- 19 av JC Condate est aussi un nœud de communication avec l’Albanais .Une voie a été créée à travers le Val de Fier et au-dessus de ce passage une tour de guet fut construite à l’emplacement de la vigie allobrogique.
La voie romaine du Fier actuellement
"NOUS VOILA MAINTENANT GALLO-ROMAINS"
Et ce fut la PAX ROMANA du Ier et IIème s. après JC, durant laquelle
furent édifiées les villes, les arènes, les amphithéâtre, les thermes,...
Ce fut aussi le début de la christianisation avec les premiers martyrs.
( Ste Blandine à Lyon en 177.)
Des archives font mention qu’au IIème siècle, César, pour récompenser ses généraux, leur octroyait des domaines en payement de leurs services.
L'Allobrogie faisait partie de cet espace colonisé. Il attribua un Findus, ou propriété, sur la rive droite du Rhône à Seyssel à un administrateur romain du nom de Sectilius. Ce dernier développa à cet endroit un “oppidum“.
Après la disparition de Condate, dans des conditions très mal connues, entre le IIème et IVème siècle, Seyssel se développa sur son emplacement actuel autour du rocher où s'élève l'église St Blaise construite au XIIème siècle à la place d'un temple romain dédié à Jupiter Tonant.
De cette occupation romaine il nous reste de nombreuses inscriptions. La plus importante se trouve encastrée dans le mur de l’église de Seyssel Haute-Savoie.
* Pierre gravée, encastrée horizontalement dans le mur de l'église
Vers 440 les Burgondes s'installèrent dans notre région;
En 476, à la fin de l'empire Romain, ils fondent le premier royaume de Bourgogne, dont la capitale était Genève. Ce royaume s'étendait sur la Savoie, le Dauphiné, le Lyonnais, la Bresse, le Bugey, la Franche-Comté, la Bourgogne et la Suisse-Romande.
Seyssel en faisait partie.
NOUS VOILA DONC BOURGUIGNONS.
C'est durant cette période intermédiaire qu'eurent lieu les invasions. Les Francs, les Sarrasins, les Hongrois, ravagèrent tout l'Est de la France dont Seyssel faisait partie.
En 534, Clothaire 1er, un fils de Clovis, s'empare de la Burgondie.
C'est ainsi que le premier royaume de bourgogne pris fin et que Seyssel fut soumis pendant trois siècles à la domination des Francs.
NOUS VOILA DEVENUS FRANCS
En 843, les petits fils de Charlemagne se partagèrent son empire au "Traitè de Verdun". Lothaire, l'ainé eu le titre "d'empereur Romain Germanique" avec l'Italie, la Provence, la Bourgogne, la Savoie, l'Helvétie, l'Alsace, les Pays-Bas. Seyssel était donc dans l'empire.
Charles-le-Chauve ayant hérité de l'empire, confia le gouvernement de la Provence et de la Bourgogne à son beau-frère, un comte Boson, qui prit le titre de roi d'Arles et de Provence, puis plus tard le titre de roi de Bourgogne.
A NOUVEAU NOUS SOMMES BOURGUIGNONS
En 1028, le dernier roi de Bourgogne, Rodolphe, dit le fainéant, céda ses états à l'empereur Conrad le Salique.
C'est à la suite de cette cession que Seyssel et le Bugey firent partie de l'empire Germanique, pour plusieurs siècles, avec une certaine autonomie dus à son appartenance aux comtes de Genève, puis de Savoie, et enfin aux Ducs de Savoie.
NOUS VOILA SUJETS DE L'EMPIRE GERMANIQUES
(Sous la tutelle des comtes de Genève et de Savoie jusqu'en 1416)
C'est aussi, du VIIème au XIème, que se développa la féodalité, la construction du château, des remparts de la ville, et du développement de la noblesse, “les Seyssel, Bonivard, Pelly, Bassy...“
Au Xème siècle, la souveraineté se morcela au profit des seigneurs, il ne restait du château qu'un donjon, demeure du premier seigneur de Seyssel. Seigneur qui, d'après les chroniques de “Paradin“ serait un descendant du général Romain “Sextillius“, ce qui expliquerait le nom de Seyssel.
Construit à l'emplacement du donjon, il était situé au nord de la ville de Seyssel Ain, rive droite du Rhône.
Au Moyen-âge, il était le siège de l'administration de la ville, appelé dans les chartes “le bastion de Seyssel“ ou “la Bastie de Seyssel“
Détruit par le maréchal Biron en 1601, (guerre avec Henri IV), il fut réduit à une simple masure, et en 1628, donner par Louis XIII aux Capucins pour y établir un couvent.
C'est aussi durant cette féodalité qu'ont été construit des remparts de défense. On peut encore voir une partie de ce mur qui entourait Seyssel rive gauche. Ces murs de un mètre de large et de quatre mètres de haut permettaient le passage d'un guetteur. Ils étaient renforcés par endroit de tours de sept mètres de haut. Une de ces tours existe encore.
Rive gauche, deux portes donnaient accès à la ville, au sud, la porte de Gallatin, au nord, la porte de l'Orme. La rive droite avait aussi des remparts avec deux portes d'accès: la porte de Grognex au nord, et la porte de Maillecroutaz au sud.
Les barons de Seyssel jouirent durant plusieurs siècles de la confiance et de la faveur des princes de Savoie. Ils figurèrent dans les conseils du souverain et fournirent à notre pays un grand nombre d'hommes distingués. Des évèques, des maréchaux, des capitaines d'une vaillance proverbiale.
Au XIIème siècle ils cédèrent leurs droits sur Seyssel au comte de Savoie, en échange de la Baronnie d'Aix et portèrent dès ce moment le titre de baron de Seyssel-d'Aix. A dater de ce jour, le château devint donc la propriété des comtes, puis des ducs et enfin des rois.
Anecdote- Un jour que Bérold de Saxe, comte de Maurienne, neveu de l'empereur Germanique Othon III, et premier prince de la Maison de Savoie, était à Genève, il décida de visiter les châteaux voisins. Le seigneurs de Seyssel le reçu avec tous les honneurs. La soirée se passa dans la joie. La bonne entente régnant, le châtelain d Seyssel se plaignit du soi-disant seigneur de Culoz, un brigand, qui rançonnait les voyageurs et dont le château appartenait au roi d'Arles. Bérold se mit en route, tendit un piège au félon, le fit prisonnier et remis le château au seigneur de Seyssel pour le compte du roi d'Arles.
C'est aussi au XIème siècle que s'établit à Seyssel un prieuré de moines de l'ordre de St-Benoît, fondé par les religieux de l'abbaye de Saint-Chef en Dauphiné. Ce prieuré était installé à l'emplacement actuel de la Grenette et des maisons qui jouxtent (les maisons Baron et Grassot). C'est sans doute, suite à leur installation que fut construit une chapelle à la place du temple romain dédié à Jupiter-Tonnant, chapelle qui devint au XIIIème siècle “l'église Saint-Blaise“.
En 1124 un acte important a été conclu au château de Seyssel appelé “le traité deSeyssel“. Celui-ci fixait les droits respectifs entre le comte de Genève, Aymont 1er, et l'évêque Humbert de Grammont. Droits relatifs aux taxes perçues sur le ville et les campagnes. Pour les habitants de Seyssel, ce fut une journée mémorable. On vit arriver le comte sur son cheval escorté par ses chevaliers en cuirasses métalliques rutilantes sous le soleil, tous les barons de la région, l'archevêque de Vienne “Pierre 1er“, représentant le pape, des abbés et des chanoines.
En 1286 Amédée V, à la suite du “Mouvement Communal“, octroie à Seyssel sa première charte d'affranchissement. Cette charte municipale fut rédigée au château de Seyssel, payée 200 livres viennoises à l'époque et marque vraiment le début de l'autonomie de Seyssel avec ses règles administratives et commerciales.
Elle est rédigée en latin avec des termes germaniques et porte la date du samedi avant le dimanche des rameaux 1285. Mais l'année commençant à Pâques, c'est donc en 1286 selon notre calendrier.
Quelques articles se réfèrent à la loi générale de l'Etat, mais la plupart constituent un véritable code municipal et pénal pour Seyssel.
En 1327, sous la tutelle du comte Amédée VI, dit le comte Vert, les Augustuns vinrent s'installer à Seyssel.
Les bourgeois de Seyssel leur concédèrent une maison dite “de la confrérie“, et un espace contigu, à la condition qu'ils y construisent un couvent, une église, et qu'une grande salle soit aménagée pour qu'ils puissent y tenir leurs assemblées avec les syndics de la ville.
C'est sous le règne d'Amédée VIII, que se prépara à Seyssel, un événement des plus importants pour la maison de Savoie.
En 1415 l'empereur Sigismond voulut faire une visite de ses états qui s'étendaient jusqu'en Espagne. Amédée VIII alla à sa rencontre à Genève, l'accompagna et l'invita au château de Seyssel.
Tout ce beau cortège pénétra dans la ville par la porte de l'Orme au son des tambourins et autres démonstration de joie. La population avertie s'était regroupée pour accueillir l'Empereur.
Vous imaginez les couleurs, les jongleus, la musique et les chants, tout le faste que revêtait une fête de ces temps-là.
Pour le remercier, l'Empereur promulgua, l'année suivante, des lettres patentes par lesquelles il conférait au Comte de Savoie le titre de Duc. Premier pas vers la royauté et une certaine autonomie de la Savoie..
En 1434 Louis Ier, fils d'Amédée VIII épouse Anne de Lusignan, fille de Janus Roi de Chypre, de Jérusalem et d'Arménie.
En son honneur, un croisé, le comte de Mareste importe de Chypre le “cépage Altesse“ qui fit la renommée des vins de Seyssel et lui donna ses titres de noblesse.
Nous avons vu que les barons de Seyssel jouissaient de la confiance des princes. Ils fournirent à notre pays un grand nombre d'hommes célèbres et distingués.
L'un d'entre eux, Claude de Seyssel (décédé en 1520) fut conseiller du roi François 1er et contribua à la création de la marine française. Evêque de Laon, puis de Marseille, et à le fin Archevêque de Turin. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont “La Grande Monarchie de France“, qui lui valu l'éloge d'être le premier écrivain à écrire le français avec netteté. Il fonda l'ordre des Altariens en 1488 et en installa un groupe à Seyssel au début du XVIème siècle.
François de Bonivard est né à Seyssel en 1493, issu d'une famille des plus anciennes de la noblesse de Savoie. Il était le fils de Louis de Bonivard seigneur de Lompnès et de Aynarde de Menthon-Montrottier. Son père était un des hommes les plus distingués de la cour de Savoie.
En 1517, il fut nommé prieur de l'abbaye de Saint Victor à Genève. Puis il déposa sa charge de prieur pour se marier, et prit partie pour le Réforme, se faisant ainsi un ennemi du duc de Savoie.
Arrêté, il fut emprisonné au château de Chillon où il resta six ans. Il fut libéré par les Bernois, qui envahirent les états de Savoie en 1535.
En1536, à la suite de tensions entre la France et Charles III, duc de Savoie, François Ier envahit la Bresse, la Savoie du Genevois, le Faucigny, la Tarentaise, la Maurienne, tandis que les troupes de Berne occupaient le pays de Vaud et le Chablais.
François Ier fit prêter serment de fidélité à tous les syndics et bourgeois des villes conquises. La cérémonie se passa à Seyssel, dans la grande salle des Augustins.
Mais en 1557, Emmanuel-Philibert, appelé “Tête-de-fer“, s'engagea auprès de Philippe II, Roi d'Espagne et Empereur d'Allemagne dans sa guerre contre la France et gagna la bataille de Saint-Quentin, qui, en plus d'autres victoires entraina le traité de Cateau-Cambresis, qui de nouveau allait changer notre nationalité.
SEYSSEL REDEVINT ASSUJETTI AU DUC DE SAVOIE.
Le duc s'empressa de réorganiser ses provinces et de les mettre en état de défenses. Il les visita et vint à Seyssel le 25 juillet 1569. Il promit aux seysselans de ne jamais les inféoder à aucun seigneurs et de leur laisser toute liberté possible.
Malgré sa promesse de 15§ç, il vendit en 1573 pour 500 écus et 3 livres, au sieur Ramus de Méral, environ ma moitié du territoire de Seyssel rive gauche du Rhône, y compris les hameaux de Cologny, Chavagny, Pologny, Vallod et Curty. Il donna à ce territoire le nom de fief de Montjorant. Les bourgeois de Seyssel mécontents, envoyèrent à Turin auprès du duc une délégation pour lui rappeler sa promesse. Il consentit à révoquer l'inféodation et à déclarer Seyssel inaliénable à condition que ceux de Seyssel remboursent à de Méral la somme qu'il avaie payé.
La paix entre la France et le duché de Savoie était fragile. La guerre éclata en 1599. Henry IV, à la tête d'une armée de 10 000 hommes envahit la Bresse, le Bugey et la Savoie.
Le maréchal Biron détruisit toutes les places fortes et châteaux-forts de la Michaille y compris le château de Seyssel.
Cette défaite entraina le traité de Lyon, signé le 17 janvier 1601, par lequel la France reprenait la Bresse, le Bugey, le Valromey, le pays de Gex et toutes les tête de ponts sur le Rhône, au nombre desquelles, bien-sûr, il y avait Seyssel.
NOUS VOICI DE NOUVEAU FRANÇAIS
Durant ce XVIIème siècle, la réforme protestante s'installait durablement à Genève. Mais elle n'avait pas pénétré jusqu'à Seyssel. Le retour du Chablais au catholicisme et le zèle de Saint-François de Sales, provoquèrent une recrudescence de l'esprit religieux et facilitèrent l'installation des communautés religieuses, que l'on considérait comme un rempart contre l'hérésie. De 1818 à 1652, trois maisons religieuses s'établir à Seyssel.
Louise de Ballon, parente de St François de Sales et de St Bernard de Menthon, entre au noviciat des Bernardines d'Annecy. Jugeant nécessaire certaines réformes de son ordre, elle fonde à Seyssel en 1627, le couvent des Bernardines, des religieuses réformées de l'ordre de St Bernard.
C'est avec l'aval et l'aide de St François de Sales qu'elle entreprit de réformer l'ordre des soeurs qui se relâchait et ne correspondait plus aux exigences de la charge.
Son zèle religieux et son austérité lui acquirent une grande renommée. Comparée quelque fois à Sainte Thérèse, elle passait même pour une sainte. Elle dirigea le couvent jusqu'à sa mort en 1668.
C'est sur l'emplacement de l'ancien château ducal, démoli en 1601 par le Maréchal Biron, que fut construit le couvent des Capucins.
Au début du XVIIème siècle, l'ancien château était inhabitable. En 1628, les syndics et bourgeois de la ville demandèrent à Louis XIII, l'autorisation d'établir un couvent pour prémunir le peuple contre les doctrines des hérétiques, qui prévalaient dans la proche Genève.
Louis XIII accepta, et par lettre patente du 23 avril 1628, il céda aux Capucins "les masures du vieux château avec un peu de terre". Ils relevèrent une partie des bâtiments et construisirent avec un don du roi une chapelle dédiée à St Louis. Ce couvent était vaste, d'une grande simplicité, et fut abandonné par les moines à la révolution.
En 1652 fut fondé à Seyssel, une maison des Visitandines. Cet établissement fut l'oeuvre d'une femme de tête, la Mère de Chaugny, l'auteure du "Journal ou l'année sainte de la visitation". E lle vint elle-même à Seyssel pour l'installation et y fut même reléguée en 1664 par Charles-Emmanuel.
La tradition veut qu'à Seyssel ces soeurs faisaient l'école aux filles.
Elles furent dispersées en 1793, à la révolution.
Cette maison fut installée dans la Grande Rue de la partie gauche de Seyssel, près de la porte de l4Orme. (Le presbytère actuel. Il y subsiste des voûtes, et quelques inscriptions).
Ordre nouveau fondé en 1620 par St François de Sales et la Mère Chantal.
A SUIVRE...